C’est l’acte de peindre qui me dit ce que je vais peindre.

Sans projet de représentation, je presse les tubes ou verse la couleur sur la toile. J’étale la peinture en croisant des lignes avec des couteaux de différentes dimensions. Je travaille d’abord à plat sur une table en tournant autour du tableau pour enchaîner des gestes qui animent le vide. Je me sens immergé dans la peinture qui est toujours pour moi  une matière indifférenciée à combattre et  à organiser en formes signifiantes.

Je lisse  des couches, je tisse des lignes pour faire vivre une surface plane, en refusant toute illusion de perspective ou de figuration. Une grille se constitue le plus souvent, avec des zones plus ou moins resserrées ou distendues. Des sortes de fenêtres s’ouvrent et se ferment, des architectures se construisent et se démantèlent, tout s’interpénètre dans un espace purement pictural qui doit créer sa propre réalité et trouver sa cohérence en lui-même.

C’est ainsi que je vis ma peinture. Chaque tableau est un événement, une expérience surprenante, un rythme, une apparition, une révélation, une reprise de moi-même, un nouvel espace à éprouver que j’aime partager avec d’autres.

Texte pour le salon Sol’Art de Tassin La Demi Lune  /Rhône / nov. 2020

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